Une thérapie nutritionnelle pour traiter l’alcoolisme (SQ-30)
La majorité des personnes dépendantes à l’alcool vous diront que rester sobre est tout sauf facile. Cela peut effectivement être une lutte quotidienne que de composer avec des symptômes de sevrage pénibles, incluant une envie intense de consommer, de l’anxiété, de l’insomnie, des tremblements, des vertiges, la dépression, un raisonnement altéré ainsi que des déficits de mémoire, et dans les cas graves, des convulsions et des hallucinations. Oui, combattre la dépendance peut être très difficile; mais seulement si vous utilisez la mauvaise approche.
La méthode conventionnelle pour gérer le sevrage et pour diminuer l’envie de consommer consiste en une intervention médicale et psychologique – comprenant des médicaments, une désintoxication, des programmes de réhabilitation, des groupes de soutien, et une thérapie individuelle. Toutefois, il manque souvent un élément essentiel à l’approche standard pour traiter l’alcoolisme – la réparation biochimique.
La dépendance à l’alcool : un déséquilibre dans la chimie du cerveau?
Les recherches actuelles indiquent que la dépendance à l’alcool est principalement causée par un déséquilibre des substances chimiques cérébrales, et plus précisément de celles impliquées dans le mécanisme de la récompense du cerveau. La dépendance, c’est l’effort maladroit de notre corps pour réparer ce déséquilibre biochimique.
Un corps en santé produit une quantité saine de neurotransmetteurs et d’hormones, tels que la sérotonine, la dopamine, le GABA, le glutamate, l’acétylcholine et les endorphines. Un bon équilibre dans cette équation chimique est nécessaire au maintien de fonctions cognitives saines, au bien-être global, à la régulation de l’humeur, ainsi qu’aux sensations de douleur, de plaisir, d’anxiété, de dépression et de nervosité.
L’un des circuits les plus importants qui joue un rôle majeur dans l’apparition des dépendances est le circuit mésolimbique, ou circuit de la récompense. Il agit en nous donnant une sensation de bien-être lorsque nous nous livrons à des comportements qui préservent la vie, tels que manger, boire de l’eau, avoir des rapports sexuels et élever des enfants. Le circuit de la récompense du cerveau, dans lequel la dopamine joue un rôle majeur, nous fait répéter ce comportement et se lie même à d’autres zones du cerveau impliquant la mémoire et le renforcement de comportements – ce qui commande au cerveau de se souvenir que de faire une certaine chose nous procure une sensation de bien-être et de répéter ce comportement pour ressentir ce même plaisir sans trop y penser. La libération de neurotransmetteurs par le cerveau est la cause de ces sensations de bien-être.
L’alcool stimule le cerveau pour qu’il libère des quantités excessives de dopamine, ce qui a pour résultat un plaisir intense qui nous procure une incroyable sensation de bien-être et de bonheur. L’alcool stimule également la libération excessive d’autres neurotransmetteurs, comme la sérotonine, le GABA et les endorphines. Le cerveau, en contrepartie, trouve des moyens de s’adapter à ces fortes vagues de neurotransmetteurs. L’une des manières les plus importantes employées par le cerveau est de commencer à réguler négativement les récepteurs des signaux dans le cerveau ou à produire moins de dopamine, désensibilisant ainsi le cerveau à l’alcool et diluant par conséquent les sensations de bien-être et de plaisir instantané.
Cependant, le centre de la mémoire de votre cerveau associe toujours l’alcool au plaisir intense et vous demeurez motivé à ressentir le même niveau de récompense ou de plaisir. Évidemment, avec des récepteurs désensibilisés, vous n’appréciez plus les choses que vous trouviez auparavant plaisantes, ce qui vous fait sentir amorphe et déprimé. Et bien sûr, vous aurez besoin de consommer davantage d’alcool pour retrouver cette sensation planante. Le cerveau finit par perdre sa capacité à produire des neurotransmetteurs sans l’aide de l’alcool (ou d’autres substances de choix, comme le sucre ou la drogue – ce qui a pour résultat le début d’une dépendance à l’alcool [1]. Au fil du temps, d’autres circuits cérébraux impliqués dans la mémoire, le jugement, la maitrise de soi et l’apprentissage s’altèrent également.
Or, qu’est-ce qui cause toutes ces perturbations dans l’équation des neurotransmetteurs? La surstimulation due à un usage excessif de sucre, de caféine, d’alcool et de drogues, un déséquilibre hormonal, des maladies génétiques, avoir vécu de la maltraitance lors de l’enfance, l’hypothyroïdie, et les allergies alimentaires sont des facteurs de risque communs. Toutefois, l’un des principaux facteurs sous-jacents qui rendent les neurotransmetteurs déficients, épuisés ou perturbés est la carence nutritionnelle.
La plupart des alcooliques ont une mauvaise alimentation, ce qui restreint leur apport en nutriments essentiels, comme par exemple les glucides, les protéines, les vitamines et les minéraux. De plus, l’alcool et son métabolisme interfèrent avec la capacité du corps à digérer, à absorber, à stocker et à utiliser les nutriments correctement. Cela engendre davantage de problèmes nutritionnels en causant des dommages sévères aux organes comme le foie et le pancréas.
L’épuisement des nutriments provoque le déséquilibre des substances chimiques cérébrales importantes, ce qui conduit le corps vers une dépendance chimique, comme à l’alcool, aux drogues et même au sucre, afin de retrouver les émotions positives et les sensations de plaisir. Plusieurs alcooliques obtiennent des résultats positifs au test de dépistage de l’hypoglycémie – souvent le résultat d’une mauvaise nutrition et d’une surconsommation de sucre et de glucides, qui sont connus pour leur effet euphorisant. Les symptômes stressants de l’hypoglycémie, dont la dépression, la fatigue et les vertiges, n’aident pas à trouver la détermination nécessaire à demeurer sobre longtemps.
L’adoption d’une approche holistique qui répond également aux carences nutritionnelles peut bien des fois améliorer le taux de succès des programmes de réadaptation.
Une thérapie nutritionnelle contre l’alcoolisme
Outre les méthodes conventionnelles, une approche nutritionnelle peut aider à maitriser les envies d’alcool et à gérer les symptômes de sevrage. Fournir au corps les nutriments manquants par une bonne alimentation et une supplémentation en vitamines et minéraux peut faire une énorme différence. Cela implique de cibler les carences nutritionnelles de l’individu qui peuvent affecter la chimie cérébrale et qui peuvent rendre une personne plus susceptible de retomber dans les pièges de la dépendance. Une alimentation saine, qui comprend des protéines (poisson, légumineuses, noix, oeufs et poulet), des bons gras, des légumes riches en fibres et des fruits, est un excellent point de départ pour rétablir l’homéostasie chimique du corps. De plus, ces aliments aident également à normaliser les fluctuations du taux de glycémie, qui joue un rôle spécifique dans l’envie irrépressible de consommer de l’alcool.
En plus des changements apportés à l’alimentation et au mode de vie, la supplémentation ciblée en vitamines, minéraux, acides aminés, acides gras essentiels et herbes peut aider à corriger ces déséquilibres et à surmonter la dépendance à l’alcool.
Les vitamines B
La famille des vitamines B (B1, B2, B3, B5, B6 et B9) sont particulièrement vulnérables et sont détruites par la consommation d’alcool. Ces vitamines sont essentielles à la production d’énergie par le corps et à la santé du système nerveux – important pour le bien-être physique, mental et émotionnel. De plus, ces vitamines aident à diminuer l’envie de consommer de l’alcool, à apaiser l’humeur et à minimiser les effets toxiques de l’alcool sur le cerveau.
L’alcool brûle les vitamines B, surtout la vitamine B1. La majorité des grands buveurs sont diagnostiqués avec une carence en thiamine, ce qui, dans les cas graves, peut causer le syndrome de Wernicke-Korsakoff, une maladie fréquente chez les alcooliques et caractérisée par un état d’esprit hautement confus et une perte de mémoire chronique. La vitamine B1 aide à diminuer la fatigue, la sensation d’avoir le « cerveau embrumé », les pertes de mémoire et la désorientation durant le sevrage de l’alcool. La vitamine B2 (riboflavine) aide à réduire l’intensité des maux de tête et des tremblements des mains souvent vécus lors de la phase de sevrage. Les vitamines B3 (niacine) et B5 (acide pantothénique) aident non seulement à évacuer l’alcool hors du corps, mais soutiennent également les fonctions des glandes surrénales chargées de la régulation des hormones du stress.
La vitamine B6 (pyridoxine) est nécessaire à la production d’importantes substances chimiques cérébrales telles que la sérotonine et la mélatonine. Alors que la sérotonine influence l’humeur et aide à induire un état de calme lorsqu’un alcoolique est aux prises avec des sentiments d’anxiété et de dépression sévères, la mélatonine régule l’horloge biologique et aide à instaurer de saines habitudes de sommeil et à combattre l’insomnie. La vitamine B9 (folate) est tout aussi importante pour le maintien de la santé cérébrale et est sévèrement réduite chez les alcooliques, puisque l’alcool interfère avec le métabolisme du folate et désactive sa circulation dans le flux sanguin. La vitamine B9 ainsi que la vitamine B12 aident toutes les deux à soulager la dépression et à améliorer la santé du système nerveux.
La vitamine C
L’alcool épuise vos réserves de vitamine C, qui joue un rôle important dans la diminution des dommages oxydatifs infligés au foie par l’alcool. La vitamine C aide également à se désintoxiquer de l’alcool, en éliminant l’excès d’alcool, particulièrement lors de la phase initiale de sevrage. La consommation d’alcool exerce un stress supplémentaire sur le corps, ce qui compromet le système immunitaire. Là encore, la vitamine C apporte son aide. Selon un article de Livestrong, « la vitamine C est théoriquement efficace pour réduire l’envie de consommer de l’alcool parce que cette vitamine aide le corps à produire des neurotransmetteurs qui stimulent la bonne humeur. Surmonter l’envie de consommer de l’alcool est l’un des éléments clés de la victoire contre la dépendance à l’alcool. »
Les acides aminés
Le University of Maryland Medical Center indique que la combinaison de la carnitine d’acides aminés, de la glutamine et du glutathion aide à réduire le stress causé par l’alcool, les fluctuations du taux de glycémie ainsi que le besoin irrépressible de consommer de l’alcool. La L-glutamine, en particulier, est considérée comme pouvant aider à réduire le besoin de consommer, la fatigue et le niveau d’anxiété ressentis lors du sevrage.
Le chardon-marie
Le chardon-marie contient de la silymarine, un flavonoïde aux excellentes propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Il est considéré comme pouvant stimuler la régénérescence des cellules hépatiques et protéger le foie contre les dommages toxiques causés par l’alcool. Le chardon-marie aide également à accroitre le niveau du glutathion dans le corps. Le glutathion est probablement l’antioxydant et l’agent détoxifiant LE PLUS important du corps.
Les acides gras essentiels
Le fait d’inclure des bons gras à votre régime alimentaire est important pour une absorption efficace des vitamines liposolubles telles que les vitamines D, A, E et K, qui sont absolument essentielles au maintien de la santé des yeux, du cerveau et des os. Mis à part les complications nutritionnelles, les carences en acides gras essentiels, comme les omégas 3 et 6, peuvent causer des problèmes chez les personnes qui sont en phase de réadaptation et pourraient expliquer les comportements dépressifs et impulsifs. Une étude publiée dans le FASEB Journal a mis en évidence des mécanismes qui indiquent que la vitamine D ainsi que les acides gras oméga 3 marins jouent tous les deux un rôle crucial dans le développement du cerveau, les fonctions cognitives, le comportement social, la prise de décision et le comportement impulsif en optimisant le taux et la fonction de la sérotonine dans le cerveau [2]. L’huile d’olive, les graines de lin, les noix de noyer, l’huile de noix de coco, le poisson et l’avocat sont de bonnes sources de matières grasses saines.
La N-acétylcystéine (NAC)
La NAC pourrait bien être l’un des suppléments les plus prometteurs pour gérer la dépendance à l’alcool. Étant un précurseur de la cystéine, un acide aminé naturel, la NAC a démontré un potentiel extraordinaire pour le traitement de troubles compulsifs comme l’addiction [3] [4]. Lorsque prise sous forme de supplément, la NAC se décompose en cystéine, puis en glutathion – le roi des antioxydants, qui est efficace pour combattre le stress oxydatif. Qui plus est, le glutathion joue un rôle important dans la phase un et la phase deux du processus de détoxification du foie.
Le kudzu
Les études indiquent que l’herbe chinoise kudzu (pueraria lobata) peut être utilisée comme thérapie sûre et efficace pour traiter l’alcoolisme. Il a été démontré que le kudzu aide les grands buveurs à réduire leur consommation d’alcool [5] [6]. Une étude de 2013 indique que « l’extrait de kudzu a réduit de manière significative le nombre de boissons alcoolisées consommées par semaine de 3457 %, a réduit le nombre de jours de consommation abusive d’alcool, et a considérablement augmenté le pourcentage de journées d’abstinence et le nombre de journées consécutives d’abstinence. » Une autre étude, publiée en 2015 dans le Drug and Alcohol Dependence, en a conclu qu’une seule dose d’extrait de kudzu peut rapidement réduire la consommation d’alcool chez les buveurs excessifs, en faisant effet en seulement 90 minutes [7].
Avant de commencer à prendre des suppléments, il est important de préalablement consulter votre médecin et de procéder à un examen minutieux de votre état de santé, des médicaments qui vous ont été fournis sur ordonnance, ainsi que de tous vos antécédents médicaux. Une approche nutritionnelle n’est pas aussi simple que de « gober » des pilules ou des herbes. Cela implique un examen approfondi de divers facteurs, dont l’étendue des carences nutritionnelles et les maladies génétiques. Certains suppléments peuvent interagir avec les médicaments que vous prenez actuellement et peuvent même potentiellement être toxiques pour le foie, un organe qui a déjà fait les frais de l’abus prolongé d’alcool. Le fait d’apporter des changements significatifs à votre régime alimentaire et à votre mode de vie vous aidera à traverser les phases de rétablissement et de sevrage, mais la bonne manière de le faire, c’est sous la supervision d’un professionnel de la santé qualifié et expérimenté.
Traduit par: Claire S. E
Références:
- Drugs, Brains, and Behavior: The Science of Addiction. National Institute on Drug Abuse.
- Rhonda P. Patrick And Bruce N. Ames. Vitamin D and the omega-3 fatty acids control serotonin synthesis and action, part 2: relevance for ADHD, bipolar, schizophrenia, and impulsive behavior. FASEB Journal, February 2015
- Bowers et al. N-acetylcysteine decreased nicotine reward-like properties and withdrawal in mice. Psychopharmacology (Berl). 2016.
- McClure et al. Potential Role of N-Acetylcysteine in the Management of Substance Use Disorders. CNS Drugs. 2014
- Lukas SE, Penetar D, Berko J, Vicens L, Palmer C, Mallya G, Macklin EA, Lee DY. An extract of the Chinese herbal root kudzu reduces alcohol drinking by heavy drinkers in a naturalistic setting. Alcoholism, Clinical and Experimental Research. 2005
- Lukas SE, Penetar D, Su Z, Geaghan T, Maywalt M, Tracy M, Rodolico J, Palmer C, Ma Z, Lee DY. A standardized kudzu extract (NPI-031) reduces alcohol consumption in nontreatment-seeking male heavy drinkers. Psychopharmacology (Berl). 2013
- Penetar DM, Toto LH, Lee DY, Lukas SE. A single dose of kudzu extract reduces alcohol consumption in a binge drinking paradigm. Drug and Alcohol Dependence. 2015
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