Les colorants alimentaires artificiels (SQ-43)

Partie 1 : Des couleurs toxiques avec un arc-en-ciel de risques pour la santé

Que diriez-vous d’ajouter de la gelée de pétrole à votre nourriture? Ou à la nourriture de votre enfant? Cela serait dégoûtant et inimaginable, n’est-ce pas? Pourtant, c’est exactement ce que vous faites lorsque vous mangez des aliments transformés, qui contiennent plein de colorants alimentaires artificiels, en plus des agents de conservation et des exhausteurs de saveurs. Oui, vous avez bien compris! La plupart des colorants alimentaires qui sont ajoutés aux aliments transformés proviennent du goudron de houille et du pétrole. Regardez autour de vous et vous trouverez ces colorants alimentaires partout, que ce soit dans les yaourts aromatisés, dans les jus de fruits, dans les céréales pour petit-déjeuner et même dans certains suppléments.

En quoi consistent ces colorants alimentaires et pourquoi les entreprises alimentaires ont-elles besoin de rendre les couleurs des aliments transformés si éclatantes? La réponse semble résider dans la manière dont nos sens réagissent aux aliments colorés et la manière dont les fabricants alimentaires exploitent cette réaction.

L’importance de la couleur dans la nourriture

Goûter la nourriture et tirer plaisir de cette expérience n’est pas qu’une question de langue et de palais. Comme le veut le dicton, « on goûte d’abord avec les yeux. » En effet, le goût peut être décrit comme étant un processus d’intégration de plusieurs sens, au cours duquel les cinq sens, soit la vue, l’odorat, le goût et même l’ouïe, travaillent de concert pour nous offrir une expérience complète, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Mais les yeux peuvent sans aucun doute être considérés comme étant un organe gustatif intégrant, sachant qu’il influence grandement la manière dont nous percevons le goût dans son intégralité.

Les études ont démontré que le fait de changer la couleur d’une boisson populaire (sans en modifier la saveur) peut dérouter même les experts, qui, dans ce cas, ont de la difficulté à identifier sa saveur de manière exacte. Oui, vos yeux peuvent tromper vos papilles gustatives ainsi que votre odorat. L’apparence et la couleur des aliments est effectivement très importante.

Mais pourquoi trouvons-nous les aliments aux couleurs vives plus attrayants? Du point de vue évolutionnaire, notre cerveau est programmé pour préférer les aliments les plus nutritifs. Les aliments colorés – une variété de fruits et légumes aux teintes rouges, jaunes et vertes – représentent une bonne source de vitamines, minéraux et antioxydants. Subconsciemment, notre goût a évolué de manière à être un moyen de trouver des aliments nutritifs (c’est-à-dire des aliments aux couleurs vives et éclatantes) tout en évitant les aliments toxiques, comme par exemple les aliments amères, pourris et moisis, ou encore fétides et rances.

Les aliments colorés sont très attrayants, mais cela est-il toujours une bonne chose? Pas lorsque la couleur en question est artificielle et qu’elle est injectée intentionnellement dans les aliments. Notre cerveau juge de la qualité des aliments principalement par leur couleur et leur apparence, et les entreprises alimentaires manipulent ce fait. Ils utilisent des couleurs vives et attrayantes pour plaire à nos sens et à nos envies, et, plus souvent qu’autrement, cet objectif est atteint par l’utilisation de colorants alimentaires artificiels.

Les colorants alimentaires artificiels vs les colorants naturels

Les colorants alimentaires sont des pigments, ou des additifs colorants, qui sont catégorisés comme étant soit naturels, soit artificiels.

Les colorants alimentaires naturels : proviennent de sources végétales, telles que les légumes, les fleurs et les fruits. Certains colorants alimentaires naturels sont également extraits d’insectes, de roches et même du sol.

Les colorants alimentaires artificiels : synthétisés en laboratoire en utilisant des substances chimiques toxiques dérivées du goudron de houille et du pétrole.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que les entreprises alimentaires n’ajoutent ces colorants à aucun produit alimentaire frais. Les additifs colorants artificiels ne sont ajoutés qu’aux aliments transformés, qui ont perdu leur valeur nutritive et esthétique. Lors du processus de transformation, les aliments naturels sont vidés de tous leurs nutriments, leurs fibres, leurs couleurs naturelles, leur texture et leur saveur. Comment est-il donc possible de vendre cet ennuyeux tas de nourriture terne? En y injectant des colorants alimentaires synthétiques – transformant ainsi ces aliments peu appétissants en quelque chose qui semble nourrissant, frais et appétissant, alors qu’ils ne contiennent pas de réelles valeurs nutritives. Parfois, les colorants alimentaires artificiels sont également ajoutés pour rehausser la couleur naturelle des aliments, afin de les rendre plus plaisants.

Les entreprises alimentaires préfèrent les colorants artificiels par rapport aux naturels parce que les colorants artificiels sont moins coûteux et sont chimiquement plus stables. Les colorants synthétiques s’incorporent également plus facilement à la nourriture et fournissent une variété impressionnantes de teintes éclatantes.

Devrions-nous être inquiets? Oui, très. Ces colorants alimentaires artificiels sont faits à partir de goudron de houille et de pétrole. Les études indiquent que les substances chimiques nocives contenues dans les colorants alimentaires artificiels déclenchent plusieurs problèmes de santé, et le trouble du déficit d’attention avec hyperactivité (TDAH) ne constitue que la pointe de l’iceberg.

Les colorants alimentaires artificiels et les risques pour la santé

En 2007, une équipe de chercheurs de l’université Southampton a découvert que certains colorants artificiels ainsi que l’agent de conservation « benzoate de sodium » augmentent le risque d’hyperactivité chez les jeunes enfants et affectent négativement leur comportement [1]. Cela a fini par donner lieu à la prohibition de six colorants alimentaires, également connus sous le nom des « six colorants de Southampton », et l’Union Européenne exige qu’une étiquette d’avertissement soit affichée sur les produits qui en contiennent. La réponse de la U.S. FDA, toutefois, a été très déconcertante, puisqu’elle n’a ni recommandé l’interdiction des colorants alimentaires artificiels (CAAs), ni exigé l’affichage d’une étiquette d’avertissement.

En 2010, le Center for Science in the Public Interest (CSPI) a publié un rapport intitulé « rainbow of risks » (« un arc-en-ciel de risques »). Le rapport a compilé les études sur les colorants alimentaires et a démontré que neuf colorants alimentaires, qui sont actuellement approuvés par la US FDA, sont probablement cancérigènes et peuvent causer des problèmes comportementaux chez les enfants ainsi que chez les adultes. Le rapport complet est disponible ici.

Plusieurs études menées avant et après cela ont indiqué que les colorants alimentaires artificiels peuvent endommager la santé de plusieurs manières :

• Une analyse de 2012 intitulée « Toxicology of Food Dyes » (« toxicologie des colorants alimentaires ») a découvert que les neuf colorants alimentaires approuvés par la US FDA sont liés à des risques pour la santé. Elle a indiqué que la plupart des colorants sont cancérigènes. Le Rouge 40, le Jaune 5 et le Jaune 6, les colorants les plus fréquemment et le plus largement utilisés, sont contaminés par la benzidine ainsi que d’autres cancérigènes. [2]


• Une étude publiée dans le Journal of Nutritional and Environmental Medicine a indiqué que la consommation d’aliments contenant le colorant Jaune 5 cause une carence en zinc dans le corps ainsi que « une détérioration comportementale/des réactions émotionnelles d’hyperactivité chez les enfants. » [3] Notre corps a besoin de zinc en quantités traces pour accomplir rune myriade de fonctions (synthèse de protéines, coagulation sanguine, fonctions cognitives et immunitaires, production de spermatozoïdes, cicatrisation des plaies, croissance fœtale), et pour maintenir la santé globale. La carence en zinc est liée à une déficience des fonctions mentales, une altération de l’immunité, la perte de cheveux, la diarrhée, des allergies, un retardement de la cicatrisation des plaies, un changement du goût, une perte d’appétit, une perte de poids, l’impuissance et des problèmes de peau tels que l’acné et des irruptions.


• Cette étude de 1994 a conclu que la consommation de tartrazine, ou Jaune 5, est liée à « des changements comportementaux en ce qui a trait à l’irritabilité, l’agitation, et les troubles du sommeil » chez certains enfants [4].

Certains pourraient réfuter ces affirmations car les résultats de ces études peuvent sembler incertains et nécessiter davantage de recherche. Mais ces études n’invalident pas non plus les risques potentiels des CAAs. Il s’agit là de risques considérables qui ne peuvent être ignorés. Point à la ligne. Et cela devrait suffire pour vouloir éviter ces additifs alimentaires toxiques.

Nos enfants sont les plus vulnérables

Les enfants sont petits et leurs corps sont en pleine croissance et en plein développement. Sans aucun doute, ce sont nos enfants qui consomment la plus grande dose de ces teintes d’arc-en-ciel qui sont injectées dans notre nourriture quotidienne. Une étude de 2013 menée par des chercheurs de l’université Purdue, en Indiana, a indiqué qu’il se peut que les enfants consomment bien plus de colorants qu’on ne le pensait [5]. Les boissons, comme les jus de fruits, les boissons gazeuses, les boissons énergisantes, et les aliments comme les céréales pour petit-déjeuner, les gâteaux, les bonbons, les crèmes glacées, les biscuits, le macaroni au fromage en boite et les esquimaux, sont des aliments communs qui contiennent des CAAs. En fait, certains médicaments, autant en vente libre que sur ordonnance, contiennent également ces colorants artificiels.

En résumé, les colorants alimentaires artificiels sont liés à :

1. L’hyperactivité, l’hypersensibilité, et les troubles de l’apprentissage chez les enfants


2. Troubles du sommeil


3. Des migraines


4. Des dommages chromosomiques


5. La formation de tumeurs et de cancers


6. Des allergies, de l’asthme et des éruptions cutanées


7. Des anomalies congénitales


8. Des dommages aux organes


9. Une altération de l’immunité


10. Un déséquilibre hormonal

La seule raison pour laquelle les entreprises alimentaires ajoutent des colorants artificiels, c’est pour nous induire en erreur. Tout ce qu’ils veulent, c’est vendre de la nourriture transformée en la rendant plaisante et attrayante. Pouvons-nous y faire quelque chose? La bonne nouvelle est que, oui, nous le pouvons. Les gens sont de plus en plus au courant des risques pour la santé qui sont liés à la consommation de nourriture hautement transformée qui a peu ou pas de valeurs nutritives. Il n’est donc pas surprenant que les gens exigent que des changements aient lieu. Et pendant que les entreprises alimentaires cèdent aux pressions et qu’elles procèdent à la modification des ingrédients de leurs aliments, vous pouvez vous assurer d’éviter les produits alimentaires qui sont pleins de colorants artificiels et toxiques.

Ne manquez pas notre prochaine série sur les colorants alimentaires artificiels.

Traduit par: Claire S. E

Références:

1. Stevenson at al. Food additives and hyperactive behaviour in 3-year-old and 8/9-year-old children in the community: a randomised, double-blinded, placebo-controlled trial. Lancet. 2007 Nov 3;370(9598):1560-7.
2. Kobylewski S1, Jacobson MF. Toxicology of food dyes. Int J Occup Environ Health. 2012
3. Ward NI; Soulsbury KA; Zettel VH; Colquhoun ID; Bunday S; Barnes B, The influence of the chemical additive tartrazine on the zinc status of hyperactive children: A double-blind placebo-controlled study. J Nutr Med; 1 (1). 1990. 51-58
4. Rowe KS1, Rowe KJ. Synthetic food coloring and behavior: a dose response effect in a double-blind, placebo-controlled, repeated-measures study. J Pediatr. 1994 Nov;125(5 Pt 1):691-8.
5. Laura J. Stevens, John R. Burgess, Mateusz A. Stochelski, Thomas Kuczek. Amounts of Artificial Food Dyes and Added Sugars in Foods and Sweets Commonly Consumed by Children. Journal Clinical Pediatrics.

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